« J’ai hérité d’un prénom corse, Pascale. Je suis corse par ma mère, bien qu’elle ne m’ait jamais transmis son histoire ni quoi que ce soit de cette île, à part ce prénom. Ma mère semble ignorer cette île, pourquoi ?Je possède un album photos trouvé dans ses affaires, il y a de nombreuses années. Les photos y ont été méthodiquement enlevées, décollées, une coque vidée de son contenu, mais qui garde encore des stigmates de colle et quelques légendes… Bastia 1939, la place saint Nicolas, Maison Pierraggi 1932, champs d’artichauts Ghisonaccia 1940, la guerre. Qui a collé les photos ? Qui les a arrachées ? Pourquoi ? Les légendes de l’album sont les indices d’un chemin que je veux parcourir avec mes deux filles âgées de 10 et 13 ans, les maillons les plus jeunes de l’histoire. Une arrivée en bateau, en hiver, une approche lente de l’île, dans la brume marine où se dessinent les côtes, une tentative de mise au point vers une famille inconnue… Accoster à Bastia, ville natale de ma mère et en voiture, pénétrer la Corse, comme pénétrer une chair par intrusion, m’approcher de cet homme, son père, mort dans des conditions étranges à Ajaccio, en juillet 1944 et raconter un peu de la Corse autrement. Une expression corse traduit physiquement cette idée : Acqua in bocca, l’eau dans la bouche, l’eau qui empêche de parler. »
Réalisation Pascale Thirode
Auteur Pascale Thirode
2009
| 85’
| France
Coproduction : 504 Productions (France), Les Films du soleil (France)
CINEMED 2009, Visions du réel Nyon 2010, Cinéma du réel 2010, Festival Itinérances Alès 2010